[Temoignage]: l’accouchement physiologique en salle nature d’Almeria

A mon tour, je partage mon accouchement physiologique en maternité. Tout au long de ma grossesse, j’ai lu et relu des récits d’accouchements physiologiques qui m’ont confortée dans ma décision et surtout convaincue que, oui, j’étais capable de le faire.

Mais revenons tout d’abord au début de cette grossesse. Avant d’être enceinte, je m’étais toujours dit que j’accoucherais à la maternité avec une péridurale hyper dosée pour ne surtout pas avoir mal. Je pense que l’on a tous eu un jour, le récit d’un accouchement terrible qui nous fait dire que, jamais, nous n’accoucherons sans péridurale.

Je tombe finalement enceinte en juillet 2020, les premiers mois passent et le doute s’installe. De nombreuses questions viennent dans mon esprit : A quoi sert la péridurale ? Quels sont les « pour » ? Quels sont les « contre » ? Et si je fais sans, qu’est-ce qui se passe ? Ce sont toutes ces questions qui me poussent à regarder sur internet, et surtout à rechercher des témoignages d’accouchements sans péridurale. Et finalement, ces témoignages sont loin d’être horribles, je les trouve même tellement rassurants. C’est décidé : j’annonce dans la soirée à mon mari, que pour nous, cet accouchement sera sans péridurale. Il n’a pas hésité une seconde, et m’a tout de suite encouragée dans cette démarche.

Je me suis immédiatement plongée dans les livres et les récits d’accouchement pour comprendre ce qu’est un accouchement, et comment je pouvais faire en sorte que celui-ci se passe de la meilleure des manières. Sur Instagram, on trouve également de très bons comptes qui vous montrent que oui, on peut accoucher sans péridurale ! Je me renseigne également sur les maternités à proximité et finalement, la plus proche de chez nous propose une salle nature pour un accouchement physiologique. L’idéal donc !

J’ai choisi une préparation à la naissance assez classique : pour un premier bébé, nous avions besoin de connaître les bases et notamment répondre à la question qui nous préoccupait tant : comment change-t-on une couche ? Mais nous avions toutefois choisi de consacrer 2 heures sur l’accouchement et surtout, l’accouchement physiologique. La sage-femme qui m’a suivi pendant cette grossesse a elle-même accouché de cette manière, dans la maternité que nous avions choisie.

Nous avons ainsi pu échanger sur tous nos doutes et nos questions, apprendre des postures qui pourraient me soulager ou faciliter la descente de bébé. Ce que j’ai au final le plus retenu de cette préparation, c’est que le mental serait la clé pour la réussite de mon accouchement : « Je suis une guerrière, mon corps sait faire : On va donc le faire ! ». Je n’ai cessé de me répéter cette phrase dans les mois qui ont suivi et le jour J.

Le dernier rendez-vous que j’ai eu avant l’accouchement était celui avec l’anesthésiste. Je ne comprends pas, et ne comprendrais jamais, comment un médecin peut à ce point dénigrer la volonté d’une future maman. Ce rendez-vous, qui n’a duré que 5 minutes, n’a été que des réflexions négatives sur mon projet : « C’est votre première grossesse, la péridurale est obligatoire, point », « De toute façon, je vous la poserai parce que c’est plus facile pour moi si vous partez en césarienne. Je n’aurais pas à la faire en urgence », « Pourquoi vouloir souffrir alors que la péridurale existe ? ». Je pense que c’est la première fois où j’ai douté. Le discours était très négatif, j’avais l’impression d’avoir pris une mauvaise décision, de mettre la vie de mon bébé en danger. En remontant dans la voiture, j’ai tout de suite appelé mon mari. Et c’est là que l’on se rend compte qu’un pilier est essentiel : il m’a convaincu que non, notre choix était le bon, qu’il savait que j’étais forte et que j’irais jusqu’au bout. Alors oui, à cet anesthésiste, je devais lui dire m*rde et lui montrer que je ferais cet accouchement physiologique.

J’ai toujours été convaincue dans ma tête que notre petit chou arriverait à terme, voir même après. Et finalement, à 39sa + 2jours, un jour ensoleillé du mois d’avril vers 9h, les premières contractions sont arrivées : peu douloureuses mais assez nombreuses. Je n’ai rien changé à ma journée, je me sentais bien et je supportais largement la douleur. Je pensais même que ce n’était que des douleurs ligamentaires. Je suis allée promener le chien dans la forêt toute seule et je me souviens m’être dit « ça tombe, le travail a commencé et toi, t’es là en pleine forêt toute seule ».

Lorsque mon mari est rentré du travail, c’était toujours supportable. Ce n’est que vers 23 heures, en allant me coucher qu’elles sont devenues douloureuses. J’ai réussi à me caler dans le lit. Et toute la nuit, les contractions se sont intensifiées. Mais j’ai toujours réussi à les gérer, je n’ai jamais paniqué. Je ne sais pas si vous connaissez le dessin animé Vaiana (que j’avais regardé quelques jours auparavant) mais je le remercie du fond du coeur pour son aide précieuse : toute la nuit, lorsqu’une contraction arrivait, je voyais la grand-mère de Vaiana danser sur la plage et prendre ma douleur. Puis elle plongeait dans l’océan, se transformait en raie et partait vers le large avec la douleur. C’est totalement étrange, je ne sais pas pourquoi je voyais ça, mais qu’est-ce que ça m’a aidé. Je ne voyais plus les contractions comme quelque chose de douloureux. Vers 4 heures, un petit Spasfon avalé : plus aucune contraction ! Forcément, un peu de déception, je me suis dit que les contractions que j’avais ressenties, qui me faisait quand même super mal, n’étaient finalement pas des contractions de travail. Mais 1 heure plus tard, elles sont de retour, de plus en plus douloureuses, de plus en plus fréquentes. Je m’allonge à nouveau, me blottis contre mon mari en imaginant toujours cette jolie grand-mère de Vaiana danser sur la plage tout en réfléchissant si oui ou non, on devait partir à la maternité.

6h45, réveil de mon mari. Je lui dis de se lever : à mon avis, il est quand même temps d’aller à la maternité, à minima pour voir ce qui se passe. J’étais bien dans le lit, vraiment bien. Je maîtrisais totalement la douleur, j’étais au chaud et coller sur mon mari. On a donc pris le temps de se lever, de prendre une douche chaude, de finir la valise de maternité et d’appeler ma maman, pour venir chercher le chien évidemment. Nous avions choisi de ne prévenir personne d’autre. Ce moment était le nôtre, nous ne voulions absolument pas être dérangés par les vibrations de portable toutes les 5 minutes.

Départ à la maternité à 8 heures, pour 25 minutes de route les plus longues et les plus inconfortables de ma vie. Mon siège était allongé, mais je n’étais vraiment pas bien sur le dos, la douleur était insupportable.

Nous arrivons dans la salle d’attente de la maternité vers 8h40. Je reste debout, je marche, je fais des ronds avec mon bassin et je gère au mieux les contractions. La sage-femme qui m’accueille est celle laquelle j’avais fait un monitoring 4 jours plus tôt : ça me rassure, je la connais et nous avions profité de ce monitoring pour discuter de mon projet et de ma volonté d’aller en salle nature. Nous partons tranquillement dans la salle d’auscultation pour voir si le travail a commencé. Elle vérifie mon col, et moi je prie pour qu’elle me dise que j’étais bien en travail, au moins à 3/4 cm de dilatation. Finalement, je la vois s’étonner : 9 cm de dilatation, déjà. Ce que je lui fais répéter 2 fois, pour être bien sûre. Sans hésitation, direction la salle nature. Elle tente de me mettre le monitoring, mais une contraction arrive et de suite, je me laisse tomber à genou puis à 4 pattes. J’étais bien dans cette position : je sentais mes contractions efficaces, je sentais mon bébé bouger et je gérais toujours aussi bien la douleur. Je crois que c’est à ce moment qu’une bulle s’est formée dans laquelle je me suis enfermée. J’étais dans mon monde, j’entendais à peine ce que mon mari et la sage-femme disaient. Mon mari a parfaitement joué son rôle, il savait ce que je voulais et ce que je ne voulais pas. Cela m’a permis de rester concentrée sur mon bébé et moi-même. J’ai demandé un ballon au bout d’un moment, pour remplacer mes bras engourdis. Je ne l’ai plus jamais lâché. Je sentais que notre bébé descendait, je visualisais l’ouverture du bassin. Au moment des contractions, je relâchais tout et je crois bien que je râlais un peu, pas des cris de panique, juste des sons graves : ça me faisait du bien, je libérais la douleur. La poche des eaux ne s’est percée que tardivement, quelques minutes avant l’arrivée de notre bébé. Et puis, j’ai senti que le moment de pousser était arrivé. Et effectivement, je n’ai pas eu besoin d’une sage femme ou d’un gynécologue pour savoir que je devais pousser, notre corps sait quand ce moment est là. Instinctivement, je l’ai fait. C’était le moment. Petit souci à ce moment : à force d’être sur les genoux, j’avais les jambes engourdies et surtout, elles n’arrêtaient pas de glisser. J’avais envie de pousser, je poussais, mais ce n’était pas efficace. La sage femme me conseille de retirer le ballon et de poser les avant-bras sur le sol. Au début, je ne veux pas, je suis tellement bien avec ce ballon. Mais finalement, elle a raison, je pousse dans le vide. Alors, hop, je repousse le ballon, pose mes avant-bras sur le sol. Effectivement, tout va beaucoup mieux. 2 poussées et je sens le fameux cercle de feu. Encore 1 poussée et notre princesse est là. Le cordon est très serré, la sage-femme le coupe donc rapidement pour lui permettre de respirer. On met immédiatement notre princesse sur moi, avec son papa toujours à mes côtés. On est toujours sur le sol de la salle nature, il est 10h50. J’avais l’impression d’être là depuis des heures. Finalement, en 2 heures elle est née. On la lasse atterrir tranquillement pendant que le placenta sort naturellement. Au final, aucun point ne sera nécessaire. Quel soulagement. Nous passerons les 2 heures suivantes dans le lit de la salle, allongés tous les 3 sous la couette.

Je me suis remise très rapidement de mon accouchement, j’ai été debout vite et j’ai pu remarcher presque immédiatement. La grossesse a été géniale, l’accouchement idéal : nous ne pouvions pas espérer un meilleur départ dans la vie pour notre princesse. Elle n’a pas pleuré comme on peut parfois le voir lorsqu’elle est sortie du ventre : on l’a vu tout de suite apaiser et calme. Je me dis que l’accouchement y est pour quelque chose : tout s’est fait dans le calme et naturellement, à aucun moment elle n’a été brusquée. Elle était prête à sortir et à commencer sa vie à nos côtés.

Quand j’y repense, j’ai toujours du mal à me dire que je l’ai fait. Évidemment, j’en suis fière. Fière d’avoir tenu jusqu’au bout, d’avoir pu mener ce projet à bien, d’avoir eu le mental et la force pour tenir.

Fière également de mon mari, ce pilier, qui à aucun moment de la grossesse ou de l’accouchement n’a douté de moi. Je crois que j’entendrais longtemps ses encouragements pendant l’accouchement raisonner en moi.

J’ai également été accompagné pendant ma grossesse de sage-femmes extraordinaires, qui vous motivent, vous montrent qu’on en est capable et vous suivent dans votre projet et votre moment. Elles aussi auront été des piliers pendant cette aventure. Je pense qu’il est essentiel d’être entourée d’un corps médical qui croit en votre projet et vous encourage. Ça peut paraître bête, mais j’aime toujours dire aux gens qui me demandent comment était mon accouchement, que j’ai accouché sur le sol, en plein milieu de la salle nature. Je trouve que cela montre à quel point la sage-femme qui m’a accompagné ce jour, m’a laissée maître de mon accouchement en ne m’imposant rien du tout.

Et enfin, retenons que le corps et le cerveau sont extraordinaires. Le corps sait faire, il nous guide tout au long de ce moment. Le cerveau est incroyable : oui, c’est douloureux, de plus en plus douloureux. Mais lorsque notre mental entre en jeu, on devient capable de tout. Il transforme cette douleur en quelque chose de positif et vous fait presque attendre avec impatience la contraction suivante, qui vous rapproche encore plus de votre bébé.

Cette aventure était complètement folle à vivre, intense, mais tellement extraordinaire. Faites vous confiance, vous savez le faire et vivez ce moment à fond !

Alméria

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