7h15 : Ma poche des eaux se fissure au moment où Hugo (mon mari) se lève. Je lui dis qu’il peut aller au travail, tout en gardant son téléphone proche de lui. Je me recouche en me réjouissant que la naissance de notre enfant soit imminente. J’envoie un message à ma sage femme, qui me suit depuis le début de ma grossesse dans le cadre d’un accompagnement global en plateau technique. Elle m’indique que les premières contractions ne devraient pas tarder à arriver. Je reste active toute la matinée et finis de préparer ma valise, mais toujours aucune contraction. Je ne sais même pas quelle est la sensation ressentie lors de celles-ci, car je n’en ai jamais eu pendant ma grossesse !Hugo rentre à la maison vers midi et sur les conseils de ma sage-femme, nous partons à la maternité . Je m’attendais à prendre la voiture en appuyant sur le tableau de bord pour soulager les contractions, mais ce n’est pas le cas ! Je suis calme.Une sage femme nous installe dans une salle d’examen et me confirme la présence de liquide amniotique. Mon col est ouvert à 2 (presque 3). Il l’était déjà le 8 juin lors de mon rendez-vous du 9ème mois.Vers 16h, la sage femme de la maternité, me propose un décollement des membranes et me fait de l’acupuncture. Elle place une dizaine d’aiguilles sur mes jambes, pieds et poignets. 20 min après, elle les retire et nous conseille d’aller marcher dehors. Nous sortons sous la chaleur et faisons le tour de l’hôpital à pied. Nous revenons dans la chambre et assise sur le ballon, je commence à ressentir de très légères contractions.Après le dîner, elles s’intensifient mais sont encore supportables. Vers 21h, nous mettons en place les premiers étirements que nous avons appris. Celui que nous utiliserons le plus : Hugo est debout derrière moi, qui suis assise sur un ballon et qui place mes mains autour de sa nuque. Celle-ci se souviendra certainement de cette soirée… Je respire calmement.Hugo commence à noter la fréquence des contractions et leur durée : elles sont tout de suite assez rapprochées entre 7 et 5 min mais pas très longues. Il me rappelle l’importance d’accompagner mes contractions en surfant sur les vagues. Puis il change de registre et, étant tous les deux adeptes de cyclisme, il me parle de col de montagne à atteindre, la montée est rude mais quelle joie d’arriver en haut et de contempler le magnifique paysage dans la descente.Dans la pénombre, je gère mes contractions comme ça jusqu’à prendre une douche vers 23h30. Les contractions s’intensifient et instinctivement je fais des bruits de cheval en expirant, pendant qu’Hugo me masse le bas du dos.A minuit, on appelle la sage femme de garde qui me demande si je souhaite qu’elle vérifie mon col. Je lui dis que je préfère attendre ma sage-femme, qui d’ailleurs n’aura pas besoin de le toucher pour vérifier l’avancement du travail.Hugo l’appelle, elle nous demande si dans le cas où nous serions chez nous, nous aurions envie d’aller à la maternité. Je pense que oui, sans trop en être certaine puisque c’est mon premier accouchement !Elle arrive une heure après et nous nous installons dans la salle de naissance physiologique. Je conserve mon ballon, mais je ressens une forte envie de somnoler entre chaque contraction. Je m’allonge alors sur le lit en rond, Hugo fait de même et dès que j’ai besoin de m’étirer, je l’appelle et il se relève instantanément.Soudain, je soupire à Hugo que j’en ai marre. Il me rappelle que nous avons voulu et choisi cette situation et me remotive…La douleur est forte mais je la supporte mieux que je ne le pensais. Je me récite dans ma tête, les mantras que j’avais affichés dans notre salle de bains deux mois plus tôt, parmi ceux ci : chaque contraction me rapproche de notre bébé, mon corps sait faire, etc.Ma sage-femme après la naissance, m’avouera n’avoir observé aucun signe de la fameuse phase de désespérance…Les contractions sont maintenant toutes les 2-3 min. Vers 2h, je quitte le ballon pour me mettre à genou (mon buste et mes cuisses sont alignés) sur le lit. Je m’agrippe au grand tissu suspendu au dessus. Les contractions ne sont plus les mêmes et je ressens une forte envie d’aller à la selle. Ma sage-femme m’informe que cette sensation provient du bébé qui s’engage dans mon bassin. J’ai l’impression qu’il va sortir par le sacrum ! Je continue à produire des sons pendant chaque contraction, ceux ci sont parfois aigus alors Hugo et ma sage-femme ramènent vers des sons graves, en m’accompagnant. Je ne ressens plus le besoin de m’étirer avec l’aide de Hugo mais seulement de me laisser faire, de «me faire passage et de m’ouvrir». Je pense aussi à ma maman et à ma grand-mère maternelle qui la veille m’avait dit de ne surtout pas perdre les pédales. Toutes deux ont vécu des naissances sans péridurale et sans une préparation aussi complète que la nôtre.La descente du bassin ne se fait pas très rapidement, je suis dans la phase dite de la marée ou yoyo. J’ai parfois l’impression que le bébé remonte, mais je visualise sa descente.Je m’aperçois que sans les contrôler, mes sons s’apparentent de plus en plus à des cris d’animaux !Ma sage-femme me demande si je ressens une sensation de brûlure au niveau du périnée, quelques minutes après c’est le cas. Entre certaines contractions je m’allonge de fatigue sur le lit avant de me relever au plus vite pour sentir le bébé descendre pendant la contraction suivante. Mon corps pousse tout seul et je le et me laisse faire par cette puissance. Quelques minutes plus tard, je peux toucher la tête du bébé, je sens alors des petits cheveux, tout en continuant à m’agripper au tissu qui pend du plafond. Ma sage-femme me précise qu’à la prochaine contraction, sa tête devrait sortir et qu’à la suivante le reste de son corps serait expulsé. Mais notre enfant est beaucoup plus pressé : il sort de mon corps en entier à la contraction suivante. Hugo dira plus tard qu’il a plongé sur le lit ! Je ne le vois pas, son corps est sous mes fesses. Ma sage-femme le prend et le repositionne pour que je puisse le découvrir. Hugo se rapproche de moi et ensemble nous accueillons notre enfant. Je m’empresse de regarder son sexe, caché sous le cordon ombilical, c’est un garçon, nous l’appelons Loris ! Il est 4h30.Nous le prenons tout de suite en peau à peau et l’observons un peu béats : il a déjà les yeux grands ouverts, certainement grâce à sa naissance non médicalisée. Je l’approche de mes seins et il tète quelques minutes. Puis Hugo le prend tout contre lui, et Loris cherche aussi un de ses tétons ! Nous restons environ 2h30 allongés tous les 3 sur ce lit, et profitons de ce moment précieux, avec notre fils, magnifique cadeau de la vie, 2 jours après nos un an de mariage…
Anaïs.