Le 2 Juillet.
Ce jour sera désormais particulier pour le reste de ma vie.
Le 2 Juillet 2018, il y a un an tout juste, je mettais au monde mon deuxième bébé. Mon second fils. Ma seconde merveille.
Aujourd’hui, un an plus tard, je souhaitais mettre des mots sur cet accouchement, qui après une grossesse remplie de beaucoup d’angoisses et de fatigue, n’aurait pu être mieux.
J’avais envie de témoigner de la chance que j’ai eu de pouvoir accoucher de cette manière : la plus physiologique et naturelle qui soit, en MATERNITE CLASSIQUE. Et ce, malgré mon désir initial d’accoucher en maison de naissance.
Je souhaitais exprimer le fait qu’aujourd’hui de plus en plus de sages-femmes sont conscientes et ouvertes, et qu’il est possible de vivre et d’offrir à votre bébé une naissance des plus respectueuses qui puisse être.
Je sais qu’il y a dans mon histoire une part de chance : les 2 sages femmes sur lesquelles je suis tombée, le gynéco de garde ce jour là, le fait que le service était alors extrêmement calme…
Je sais aussi qu’il existe encore beaucoup beaucoup (trop) de violences obstétricales et gynécologiques… loin de moi l’idée de les minimiser. C’est un combat qui me tiens particulièrement à coeur et je sais à quel point certaines femmes sont malheureusement dans ces souffrances là.
Mais ce que je voulais ici, c’est donner un message d’espoir, aux femmes qui comme moi, souhaitent accoucher à domicile ou en maison de naissance et ne le peuvent ou ne le pourront peut-être pas.
Pour ma part, mon souhait d’un accouchement en MdN était évident, avant même de savoir que j’étais enceinte de mon second enfant. J’ai eu le bonheur de vivre cela pour mon premier bébé et je ne me voyais pas accoucher autrement pour mon second. Sauf que…. parfois la vie en décide autrement.
Grossesse particulièrement suivie, beaucoup de rendez-vous, d’examens de contrôle, de fortes inquiétudes, un strepto B, une équipe médicale hospitalière pas hyper pro MdN… bref tout un tas de raisons qui ont fait que plus ma grossesse passait, plus je sentais mon souhait d’accoucher avec ma sage-femme s’éloigner… non sans douleur, sans rage, sans colère et sans crispation.
Malgré tout, j’ai continué à suivre toute ma préparation en haptonomie avec une sage-femme en or qui a parfaitement pris en compte tout cela. Elle a su m’apprendre à faire totalement confiance à ma propre puissance, à mon corps, à mon bébé.
Au delà de ça, à travers de nombreuses larmes et d’intenses partages, elle a su m’enseigner le fait de ME faire confiance. Dans MES envies et MES désirs d’accouchement, quel que soit le lieu où cela se passerait, quelles que soient les personnes avec qui cela se passerait.
Elle a su m’aider à trouver la force d’être celle qui déciderait et serait actrice de mon accouchement (toutes mesures de sécurité et de santé pour mon bébé ou moi-même gardées bien sûr.)
Aujourd’hui, et pour longtemps encore, je ressens pour elle, une profonde gratitude, car je sais à quel point le travail que nous avons fait ensemble, ainsi qu’avec mon mari, a contribué à ce que cet accouchement soit aussi beau.
Comme je ne sais pas faire court, je vous propose de vous raconter demain en quoi finalement ce moment si important a pu être tel que je le souhaitais…
La date de mon terme a été modifié plusieurs fois au cours de ma grossesse… n’ayant eu aucun retour de couche entre mes deux grossesses du fait de mon allaitement, je n’avais aucun repère précis sur lequel m’appuyer. Je ne saurai jamais vraiment quelle aurait été la « vraie » date, ou plutôt « période », comme il est plus juste de dire maintenant ! Toujours est il qu’elle était fixée au 25 juillet.
1er juillet, on était donc pour moi encore bien loin de l’arrivée de notre bébé. J’avais prévu plusieurs choses à terminer avant qu’il ne soit là et surtout j’avais l’envie de profiter encore de cette fusion que j’aime tant (oui malgré une grossesse compliquée, je n’ai jamais été pressée qu’elle se termine…). Sans compter qu’une énième échographie était encore prévue quelques jours plus tard… le poids de mon bébé posant toujours problème au corps médical ainsi que d’autres paramètres. Cette échographie déterminerait également si oui ou non j’allais pouvoir accoucher comme je le souhaitais en MdN ou si d’autres options non réjouissantes allaient devoir être envisagées…
Inutile de vous dire que lorsqu’ arriva vers 23h une sensation assez étrange me faisant me demander si ma poche des eaux n’était pas fissurée, je n’étais pas prête. J’ai alors essayé de me convaincre que ce n’était pas possible et que non ça ne pouvait pas être ça et je suis allée me coucher sans confier mes doutes à mon mari, préférant qu’il dorme le plus tranquillement possible. Après la nuit accompagnée de légères, mais bien présentes, contractions, et un lever à 6h du matin qui ne me laissait plus de doute, j’ai bien du me rendre à l’évidence.
Il était trop tôt, je n’avais pas terminé mes séances d’haptonomie , ma valise n’était même pas commencé, mais notre bébé allait arriver aujourd’hui, c’était une certitude. J’allais donc devoir me rendre à la maternité… un charmant petit streptocoque B étant présent, je ne voulais pas prendre de risque pour mon bébé sans le fameux antibiotique.
Ce que ma SF me confirme apres un rapide coup de fil ou j’espérais tout de même qu’elle me réponde autre chose 😉.
Après avoir pleuré toutes les larmes de mon corps et déversé toute ma peur d’accoucher déjà, maintenant, si vite… laisser partir cette impression que tout m’échappait, j’ai, grâce à la formidable présence et au soutien sans faille de mon mari, rassemblé toute mon énergie et ma force, retrouvé ma confiance et nous sommes partis ensemble et soudés à la maternité.
Nous arrivons la bas à 8h30. Une sage-femme me confirme la rupture de la poche des eaux, sans pour autant que le travail ne soit réellement commencé. Aïe, je me dis que ça va être long et que je ne pourrai pas repartir avec ce fichu strepto… Elle m’administre le fameux antibio, apporte un ballon et lance un contrôle du coeur du bébé me laissant libre de mes mouvements dans la salle sans même que je ne le demande. Premier soulagement. Puis, elle revient et lit avec nous notre projet de naissance, nous expliquant que la quasi totalité de ce que nous souhaitions pourrait se faire sans problème et qu’elle nous accompagnerait dans nos désirs. Deuxième immense soulagement. Enfin, elle me propose de sortir de la salle de travail et d’aller me promener dans les couloirs et même dehors (!!!) dans l’enceinte de la maternité, afin que mon travail avance plus vite. Troisième immense soulagement.
Nous traversons les couloirs afin de rejoindre l’extérieur. Dehors le soleil brille, pas un nuage et il fait déjà chaud. Les contractions s’intensifient et se rapprochent. J’échange entre deux, quelques messages avec S., ma sage-femme libérale qui me demande si finalement je peux aller en maison de naissance. Avec toute cette précipitation nous n’avons même pas pensé à poser la question… et sans cette dernière échographie, nous pensions inconsciemment que c’était fichu pour la MdN.
Pleins d’espoir avec ce message, nous retournons poser la question. Il faut voir avec le gynéco de garde. Il est ok ! Quatrième soulagement. Il est 10h. Je préviens S. qu’elle peut se préparer à venir. En attendant la sage-femme de la mat. me propose soit de rester dans la salle de travail, soit de ressortir si je préfère, et de faire un point vers 10h30 pour voir où j’en suis. Sixième soulagement. Je sens que mon mari préférerait rester là vu le rythme de mes contractions qui augmente bien et surtout leur force, mais je préfère retourner dehors. La lumière, le soleil et l’air extérieur me donneront plus de force.
A nouveau les couloirs à parcourir, les grands escaliers à descendre qui vont encore bien m’aider ai-je pensé. Une contraction plus forte que les autres juste en haut… puis à peine descendus, à nouveau une vague qui me traverse, trèèèèès forte. Mon mari me propose cette fois de rentrer et de voir où j’en suis… j’accepte mais à condition de faire le tour par l’extérieur. Je parviens à marcher jusqu’à un petit carré de pelouse, puis déjà une nouvelle contraction d’une violence inouïe et l’impression que là je vais perdre pied. La tendresse de mon mari me répétant les mots d’H. notre haptonome m’apaisent, me soulagent et me redonnent confiance. Je suis dans notre bulle, avec notre bébé. Le monde autour de moi n’existe plus… Nous continuons quelques pas encore, un nouveau bout d’herbe, là, pas moyen de faire autrement que de me mettre à quatre pattes pour accueillir cette contraction encore. Mon Dieu, ça y est déjà, je sens la tête de mon bébé. Paniquée, je me revois encore penser : « hé bien voilà, toi qui était si fachée de devoir accoucher en maternité classique, tu vas finir par accoucher toute seule, juste devant !!! »
Je ne sais comment, mais je parviens finalement, soutenue par mon mari, à marcher jusqu’au bout du couloir des salles de travail, accueillant encore deux autres contractions,… les plus fortes jamais ressenties. Une auxiliaire puéricultrice arrive vers nous en courant et saisi tout de suite l’urgence. J’arrive à me hisser à quatre pattes sur un lit. L’auxiliaire et mon mari me déplacent en salle d’accouchement, comme dans les films ! S. la sage-femme qui nous avait accueillie est en train de mettre au monde un autre bébé. Bien évidemment ma SF n’aura, elle, jamais le temps d’arriver. Et puis très vite, j’entends la douceur de cette voix dont je me souviendrai toujours « Bonjour, je suis C. et je vais vous aider à mettre votre bébé au monde. Quand vous serez prête, et si vous voulez bien, je regarde où vous en êtes ?… Ha oui, c’est bon là je vois la tête et les petits cheveux de votre bébé, vous allez pouvoir pousser quand vous le sentirez. » « Je peux rester dans cette position ? c’est comme ça que je suis bien. » « Oui, bien sûr ! » Septième soulagement. Une poussée et des mots aussi encourageants qu’apaisants. Deux poussées et des larmes. Trois poussées et C. m’invite à aller chercher mon bébé qu’elle a simplement déposé sur le lit. Il est 10h34, mon second fils est là, en pleine santé, juste au creux de mes bras. Le temps suspend son vol.
Claire (sa page instagram).