Cette naissance devait être un accouchement à domicile accompagné d’une sage-femme, mais la naissance a eu lieu plus rapidement que prévu… Découvrez vite ce joli texte écrit par un super papa et mari !
4h20. Je suis réveillé par une petite voix qui me dit : « chéri, je perds les eaux , est-ce que je peux avoir une serviette, vite».
En une seconde je suis frais et réveillé, pas le moment de réfléchir. Leçon numéro une : ne pas paniquer ! Un accouchement ne se déroule pas en 5 minutes et le plus important c’est que la femme soit bien installée. Je me jette sur la pile de serviettes afin de les positionner sous madame. Beaucoup de liquide, on nous avait prévenu que ma femme en avait beaucoup. En 5 minutes nous avons épuisé notre stock de serviette car, en mode branleur, je m’étais dis que j’achèterai les alèses jetables le lendemain car « c’est bon, il y a le temps ».
Ma femme se lève, va au toilettes sèche en pleine nuit et me demande d’appeler notre sage-femme, ce que je fais. Elle est stressée, je l’entend à sa voix et elle me demande de regarder la couleur du liquide. Il y a du vert kaki. J’ai donc notre sage-femme au téléphone, il est 4h30, sa voix est claire et je lui fais part de l’inquiétude de mon épouse par rapport à la couleur du liquide, ce qui n’a pas l’air de la rassurer non plus. Elle me demande si elle a des contractions, je lui répond que non. Elle m’informe que si les contractions n’ont pas démarré dans 20 min, ce sera direction le plateau technique (pour savoir ce que c’est, ici) et elle raccroche. Sitôt l’appel terminé, ma femme m’informe que les contractions viennent de commencer et qu’elle les sent bien. Elle fait des sons graves, elle s’est mise à quatre pattes sur le lit et s’est recouverte de couvertures. Notre fille de deux ans dort à côté, à 50 cm. Les contractions sont proches alors j’essaye de la soulager en la massant (le dos et les jambes).
Je dois aller chercher quelque chose et là ma femme me supplie de rester, elle me dit qu’elle a peur. Je m’approche d’elle, prend son visage dans les mains et lui dis qu’elle est forte, qu’elle se débrouille comme une cheffe. Je ne l’avais pas accompagné de façon « impliquée » pour la première grossesse et elle en a souffert. Elle était seule bien que je sois à côté, entourée par une équipe médicale intrusive et je m’étais promis de ne pas la laisser tomber pour ce second accouchement. J’étais sûr de moi, serein et je la trouvais belle et courageuse, je voulais la préserver de tout, la cacher. Je l’ai rassurée en lui disant que c’était normal d’avoir peur mais qu’elle devait se faire confiance et faire confiance au bébé et que je l’aimais.
Je vérifie l’avancée petite à petit, le vagin est toujours « fermé » ainsi que l’anus. Oui, je sais que ce n’est pas romantique, mais c’est un signe que vérifie notre sage-femme lors des accouchements. Lorsque le bébé est engagé, l’anus se dilate et on voit arriver ce qu’elle appelle, de façon poétique, les sentinelles, qui sont les selles qui restaient dans l’intestin et qui sont évacuées lorsque le bébé passe dans le bassin et « racle » l’intestin.
Afin de ne pas risquer de déconcentrer ma femme et connaissant son appréhension de se faire caca dessus, je ne lui ai rien dis, me contentant d’envelopper ces braves éclaireuses dans la serviette. Le vagin a commencé à se dilater et quelques minutes plus tard j’ai reconnu le sommet du crâne de notre bébé. J’avais eu la même vision lors de la naissance de notre fille. Trois poussées et la tête est dehors. Et là, mini bug, le cordon est autour du cou du bébé qui fait une grimace façon haka maori (oui c’est ce que j’ai pensé sur le moment). Imperturbable, mon cerveau se rappelle calmement que bébé l ne respire pas encore par la bouche, que c’est tendu lors des contractions mais que ça se relâche après et qu’il ne risque rien, sauf si le cordon se révèle trop court, donc aucune panique à bord, je me contente d’observer l’avancée. Ma femme me dit sur un ton d’angoisse « il bouge ! Putain je le sens bouger ! » Je lui annonce que la tête est dehors. Deux poussées et voilà les épaules, une troisième en suivant et tout le bébé sort. Pris entre le fait de devoir lui sortir le cordon du cou et de le tenir, je le fais tomber sur le matelas, le geste mal assuré. Je lui sors le cordon et l’implore dans ma tête de pleurer. Il bouge, sans bruit et enfin vient le cri libérateur. Ma femme me réclame le bébé, je le lui passe à travers le jambe en faisant attention de ne pas l’exposer aux liquide amniotique qui tombe et là, alors qu’elle réceptionne le bébé, elle me pose la question fatidique : « c’est quoi ??? », je ne sais pas, j’ai pas regardé ! Elle me le tend et je vois deux petites testicules : « bonjour Eloi ». Il est 5h20. Je l’aide à s’emmitoufler et à se coucher pour du peau à peau, je sors pour allumer la chaudière afin qu’ils aient chaud et je tombe sur notre sage-femme et son barda. Elle me demande comment ça se présente et tout sourire je lui demande si elle ne l’entend pas ? Elle rigole de cette surprise et rentre trouver ma chérie.
Bilan de toute cette aventure ?
Les femmes sont extraordinaires et on arrive à les en faire douter. Diabète gestationnel, gros bébé, échographies multiples, on s’est tout tapés. J’ai vu ma femme devoir se piquer plusieurs fois par jour alors qu’elle est phobique du sang et elle a rien lâché. Elle a stressé comme un folle, s’est bouffée la santé au lieu d’être soutenue par le corps médical qui aurai dû lui rappeler que la nature est bien faite, qu’elle doit faire confiance à son bébé et à elle même et, surtout, qu’elle doit s’écouter. Personnellement je suis fier de ma femme, elle a géré de A à Z malgré tout, elle a surmonté sa peur et sa douleur et elle m’a permis de vivre ma paternité comme je la souhaite à tous les hommes. Un accouchement comme çà, j’en ferai tous les jours;)