[Témoignage] : La naissance de Maria à la maison par Olivia

Je passe une grossesse heureuse et sans maux, remplie de l’énergie de ma fille qui pousse à l’intérieur de moi. L’idée d’accoucher à la maison s’insinue dès le début. Je choisis une sage femme libéral pratiquant l’accouchement à domicile et conseillère en lactation dès le deuxième mois de grossesse pour avoir un accompagnement le plus complet possible et me permettre d’accoucher à la maison si mon envie se confirme. C’est d’ailleurs la seule professionnelle qui prend réellement en compte ma grossesse alors que le risque de fausse couche reste possible dans les premières semaines. Le premier contact téléphonique me met en confiance. Je suis contente d’être enfin écoutée alors que d’autres professionnels m’ont l’air de vouloir attendre le fameux troisième mois. Comme si l’éventualité d’une fausse couche ne permettait pas de prendre en compte la vie qui s’installe en moi.

 

C’est notre premier bébé et la possibilité d’accoucher à la maison plaît aussi à mon conjoint, Tom. Nous entamons les rencontres avec notre sage femme et nous rendons chaque mois tous les deux à son cabinet pour environ 1h30 de discussion, d’écoute du cœur de notre bébé, de mesure de mon utérus et de bases d’hapto pour se rendre compte que Maria est bel et bien là. En parallèle, je prend des cours de yoga prénatal et je me met à lire sur l’accouchement physiologique. Je lis « le guide de la naissance naturelle » d’Ina May Gaskin qui me convint de la nécessité d’accoucher naturellement et me donne des pistes pour l’accouchement. Puis en fin de grossesse, « J’accouche bientôt, que faire de la douleur » de Maïtie Trélaün. La grossesse suit son cours, très peu médicalisée, pas de touchers vaginaux, peu de prises de sang, trois échographies en maternité, tout se déroule tranquillement. Je n’aurai aucun monitoring, juste l’écoute au doppler chaque mois avec notre sage femme et trois fois durant l’accouchement. Je prend confiance au fur et à mesure en la capacité de mon corps à enfanter. Je parle de notre projet autour de nous et suis agréablement surprise. Nous sommes soutenus par nos familles et nos amis, l’ostéopathe me dit que mon corps est prêt pour l’accouchement, même la sage femme de la maternité où je suis inscrite en cas de transfert me dit que tous les voyants sont au vert pour un accouchement à la maison. On est bien loin des réflexions négatives vécus par certains couples dont c’est aussi le projet ! Je suis ravie de me sentir entourée aussi positivement. Je peux me replier sur moi-même à l’approche du terme pour accueillir notre enfant.

 

Les deux dernières semaines sont douces. Je restreint les visites de mes amis, prend le temps de préparer des repas à congeler, de me reposer l’après-midi et de cocooner le soir avec Tom. J’ai quelques sensations de pré-travail au niveau des ovaires mais c’est très rare. Je ne ressens aucune contractions réelles. Je suis globalement très en forme. Puis je commence à me sentir sensible, je pleure, me vide de certaines douleurs par les larmes. Je me fait la réflexion que c’est peut-être ma manière d’être en pré-travail.

 

Puis Maria décide que ce sera pour aujourd’hui, avec une semaine d’avance sur le terme prévu. Nous nous couchons vers minuit. Tom s’endort directement. 00h30, « poc » un bruit nouveau dans mon corps, la poche des eaux vient de se fissurer. Je ne réalise pas directement. Quelques minutes plus tard, une contraction. Là je réalise ! Je me lève pour aller aux toilettes. Mon lit est mouillé. C’est là que je comprend que j’ai fissuré. Poche fissurée et contractions qui démarrent, je suis surexcitée, nous allons bientôt rencontrer notre fille ! Vu l’heure tardive, je décide de rester couchée et de tâcher de m’endormir. Je laisse Tom se reposer. Les contractions continuent, se rapprochent et s’intensifient, je ne m’endors pas. Une envie de vomir me prend. Je ne suis pas surprise, j’ai souvent envie de vomir lorsque mes règles sont douloureuses et je sais que c’est la manière qu’à mon corps de réagir à la douleur. Je me vide, vomis tout ce que je peux. Tom se réveille. Je lui dit ce qu’il se passe. Il chronomètre l’intervalle des contractions. Elles sont courtes mais régulières toutes les 5 minutes et de plus en plus intenses. Il est 4h, je lui demande d’appeler notre sage femme – que nous appellerons à partir de maintenant  »la fée ». Il lui explique la situation. « J’arrive ! » lui répond elle directement. Je suis heureuse qu’elle vienne si vite. Nous nous installons dans notre salon où nous avons prévu plusieurs accessoires, faute de savoir ce dont j’aurais envie le jour J : ballon, écharpe pour me suspendre et piscine d’accouchement. Je m’agenouille devant un fauteuil et accueille les contractions suivantes en bougeant le bassin. La fée arrive, je peux m’ouvrir et accueillir notre bébé. Mon corps prend le contrôle. Je ne conscientise pas mes mouvements, ça me fait du bien et permet de passer chacune des vagues. Impossible pour moi aujourd’hui de décrire la sensation des contractions autrement que par une vague qui monte puis redescend. Je ne sais pas à quel endroit de mon corps elle se développe. Elle m’envahit entièrement mais ne me submerge pas. Mes mouvements de bassin les font passer. Tom me soutient. La fée arrive, s’installe, m’encourage, propose de m’examiner. Ok. Ce sera le seul toucher vaginal qu’elle me fera de toute ma grossesse. Elle écoute le cœur de Maria qui continue son galop habituel. « C’est très bien ce que tu fais, Olivia. Veux tu que je te dises où tu en es ? » Oui. « Tu es à 9 ! » Incroyable ! Il est 5 heure et je suis étonnée d’être à quasi dilatation complète si rapidement ! Tom remplis la piscine. Les contractions sont de plus en plus puissantes. Je l’appelle lorsqu’elles montent, je ne veux pas être sans lui, je continue à tortiller mon corps pour m’ouvrir. Il me câline, je l’envoie chier quand il me touche trop fortement. La fée met une main sur mon bassin, elle me dit qu’il s’ouvre, m’encourage dans mes mouvements. Je veux aller dans l’eau ! Je m’installe dans l’eau chaude, toujours à quatre pattes, accoudée au rebord de la piscine. On parle un peu, je relève les genoux quand la contraction arrive, en position grenouille. Dès qu’elle se calme, je m’ancre à genoux et pose ma tête pour me reposer et reprendre des forces. Tout s’intensifie. Je suis fatiguée. Je bois de temps en temps car je suis assoiffée. Je n’ai plus trop de notion du temps et pourtant je me sens très présente. Je ne suis pas dans le cosmos, je suis là, ancrée dans l’instant. La fée me propose de faire des respirations de cheval durant les contractions pour détendre ma mâchoire et m’ouvrir davantage. Ils le font avec moi pour m’encourager. La situation me fait sourire. On continue comme ça un moment. Puis je sens mon périnée chauffer. Je touche mon entrejambe, je sens sa tête, elle est là ! Les contractions suivantes sont très forte, je geins. Ça pousse sur mon rectum, ça brûle mon périnée ! Mais elle arrive et j’en suis ravie. La fée me propose une position pour m’aider. Toujours accroupie mais un pied ancré dans le sol, un peu comme la position du guerrier au yoga, permet à ma fille de passer le bassin et de sortir la tête en entier. Je relève le buste. Je brûle ! Le cercle de feu m’envahis. C’est tellement fort ! La fée remarque que Maria a un tour de cordon autour du cou. Elle qui m’encourageait doucement et veillait sans intervenir depuis son arrivée est maintenant très alerte. Elle plonge les mains dans l’eau pour soulager mon périnée, dénouer le cordon et aider Maria à naître. Elle me tend ma fille dans les bras. Je l’attrape, un peu hagard et tellement soulagée que la sensation de feu soit enfin stoppée. La poussée aura finalement duré près de 30 minutes. Maria pleure, Tom s’approche de nous. La fée s’éloigne. Nous faisons connaissance tous les trois. Je ne ressens pas l’intense émotion de la rencontre décrite dans certains récits d’accouchement mais je suis heureuse. Après un moment, la fée me rappelle au placenta. Tom rentre avec nous dans la piscine pour tenir Maria pendant que je tente de l’expulser. Le cordon n’est pas très long, ce n’est pas très pratique. Nous décidons de le couper. Les contractions reprennent tout doucement, je pousse, le placenta fini par sortir, entier, pendant que Tom et Maria sont en peau à peau. Je sors de la piscine et m’installe avec eux dans un lit au milieu du salon. Huit heures après les premières contractions ressenties, avec le soleil qui se lève et le reste du monde qui fait sa rentrée, nous sommes trois.

 

Olivia.

 

 

Un commentaire sur « [Témoignage] : La naissance de Maria à la maison par Olivia »

  1. Ouf! Tu as réussi à me mettre les larmes aux yeux!!! Il n’y a rien de plus beau que de mettre au monde la vie selon moi, et je trouve ça merveilleux que tu l’aies fait naturellement! Félicitations à toi, nouvelle maman! 🌸☀️

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