[Témoignage]: L’accouchement naturel en maternité d’Elodie

Des que nous avons décidé de devenir parents, j’ai dit à Julien que je souhaitais un accouchement physiologique. Bien que ce soit mon premier enfant, mon métier m’a permis de faire ce choix.

Je suis infirmière puéricultrice et j ai donc pu assister à plusieurs naissances. Certaines ont nécessité des soins médicaux, mais pour la plupart tout s’est passé à merveille. Mais malgré cela les mamans avaient reçu des injections et les bébés qui allaient pourtant bien avaient subi des soins pas forcément agréables pour eux après leur naissance, celle-ci représentant déjà des changements considérables.

Cela m’a permis de me poser des questions sur ce que je souhaitais pour mon enfant et pour moi. Est-ce que tous ces soins sont indispensables lors d’un accouchement normal ? Que ressentent ces nouveaux nés lors de ces soins ? Nous nous sommes passés de ces soins durant tant de siècles, et c’est encore le cas dans plusieurs pays, alors pourquoi en faire autant aujourd’hui si tout ce passe bien ?

Tout cela m’a permis de savoir que je ne voulais pas cela pour mon enfant, ni pour moi. J’accoucherai donc de façon physiologique. Néanmoins (sans doute par ma profession), j’ai souhaité accoucher en milieu hospitalier au cas où quelque chose tournait mal. Dans ce cas-là, les minutes sont précieuses.

J’ai eu la chance que julien me comprenne et me soutienne dans ce choix.

Donc dès que je suis tombée enceinte et que nous sommes allés voir la gynécologue pour la première fois, nous lui avons fait par de notre projet. Et là, à notre grande surprise nous nous sommes entendus dire : «  pour un premier enfant c’est ambitieux, c’est quasiment certain que vous n’y arriverai pas… ».  Nous avons été un peu déçu de cette réaction, mais nous sommes restés sur notre décision.

Nous en avons ensuite parlé à nos familles et amis, la plupart nous ont ri au nez. Celles qui étaient déjà mamans m’ont dit : «  ça ce voit que tu n’a jamais eu de contractions ! On en reparlera après ton accouchement quand tu auras demandé la péridurale car tu auras eu trop mal ! »

Et il en a été de même quand j’ai parlé de mon projet à la sage femme des cours d’accouchement : «  pour un premier bébé ? Physiologique ?  Et bien écoutez, vous verrez bien sur le moment… » .
Déjà que ces cours m’avaient été imposés par l’hôpital où j’avais choisi d’accoucher (car il était le seul qui proposait des accouchements physiologiques et qui disposait d une salle dédiée à ces accouchements) ! Cette obligation m’avait vraiment déçue, mais j’étais contrainte de les suivre jusqu’au bout sous peine qu’on refuse mon projet le jour J.

Mais bon qu’importe les avis négatifs, je savais que je pouvais arriver au bout de mon projet et la personne dont j’avais le plus besoin pour y arriver me soutenait à 100%, le papa de ma fille !

Il me disait régulièrement de ne pas écouter les commentaires négatifs, qu’il avait confiance en moi et qu’il savait que j’allais y arriver et que quoi qu’il arrive il serait là !

Les mois ont défilé et ma grossesse s’est merveilleusement bien passée (malgré les vomissements au début !). Le 4 octobre, à 7h45, alors que julien venait de partir au travail, je me lève et je perds les eaux au milieu du couloir. J’appelle donc Julien qui fait demi tour.

N’ayant pas de contraction, je décide de prendre ma douche, faire le petit ménage qui reste à faire, de prendre mon petit déjeuner et de conduire nos chiens chez nos amis qui s’étaient proposés de les garder.

Nous arrivons donc à la  maternité à 10h45. Nous nous présentons en salle d’accouchement. Dès notre accueil nous annonçons à la sage-femme notre projet. Et là, surprise ! Elle me félicite et me dit qu’elle fera tout son possible pour que je réussisse cet accouchement physiologique.
Enfin une personne extérieure me soutenant dans ce choix. Nous nous sommes sentis soulagés. Après un rapide monito, qui était parfait, un examen qui révélait un col court à 1 cm et la pose d’un cathéter obturé, elle me dit que nous pouvions aller marcher et manger si nous le désirions. Il faudrait revenir si j’avais des contractions ou bien si toujours rien ne se passait au bout de 3h, mais sans quitter l’enceinte de l’hôpital.

Après une longue marche et un déjeuner, nous retournons en salle de naissance pour un rapide contrôle. Le col était passé à 2 cm mais toujours zéro contraction. Le monito étant normal, nous voilà repartis pour 2h30 de marche. Vers 17h30, enfin les premières contractions arrivent. Nous retournons donc en salle de naissance. A l’examen le col s’est légèrement raccourci, mais est toujours à 2. Nous commençons un nouveau monito à 17h45, julien me dit qu’il va fumer une cigarette en attendant. Durant son absence, les contractions commencet à devenir un peu douloureuses et le monito sonne beaucoup. Une étudiante sage-femme vient alors et me dit que le capteur a du bouger. Elle essaye de le remettre en place, mais cela ne change rien. Une minute après la sage-femme arrive en trombe dans la salle et lui dit « mais que fais-tu ? Tu ne vois pas que le bébé fait de la bradycardie, va chercher la gynéco et les auxiliaires puéricultrices ». Et là en quelques secondes, la pièce est envahie de monde.  Tout le monde s’affaire autour de moi sans vraiment me parler, à part des « ça va aller ». On me branche une perfusion, on me met sous oxygène, et là je voit julien au bout du couloir par la porte restée ouverte. Il devient livide et se rapproche doucement. Quand il entre dans la pièce on lui demande de s’asseoir et on lui dit de ne pas s’inquiétez, que ça va aller.
Enfin le monito arrête de sonner. Tout le monde se calme. La gynécologue parle à la sage-femme et s’en va, les auxiliaires la suivent.
La sage-femme prend alors le temps de nous expliquer : « Votre bébé n’a pas l’air d’apprécier les contractions, son cœur a un peu trop ralenti et c’est pour cela que nous sommes intervenus. Maintenant tout est rentré dans l’ordre. Durant la grossesse il arrive que les bébés fassent des bradycardies mais comme la surveillance n’est pas constante cela passe inaperçu. Mais là nous ne pouvons pas faire semblant de ne rien avoir vu, donc votre projet physiologique va sans doute être compromis. Mais comme j’admire votre démarche, je vous propose de continuer le monito durant 2h, si aucun autre incident ne se produit, je vous promets de faire tout mon possible pour que vous accouchiez physiologiquement. »

Ses explications et son ton de voix, nous ont beaucoup rassurés et nous avons continué à avoir toute confiance en elle. Je suis donc restée deux heures avec le monito, les contractions se sont rapprochées et intensifiées, la sage-femme est venue régulièrement nous voir. J’ai pu faire du ballon avec le monito et entre deux contractions Julien faisait tout son possible pour me détendre et me faire rire. Durant les contractions il me prenait dans ses bras et me disait de respirer, qu’il était là. Cela m’a beaucoup aidée.

A 20h c’est le changement d’équipe, et la sage-femme de nuit est aussi très enthousiaste face à notre projet. Après s’être présentée, elle m’examine, le col est à 2.5 cm … et le monito a été parfait durant les deux dernières heures. Elle nous faig donc elle aussi la promesse de faire son possible pour maintenir notre projet malgré l’avis de la gynécologue.
Avant de partir, elle me propose un bain chaud, que j’accepte. Elle m’enlève enfin tous ces fils.
J’entre donc dans le bain avec l’aide de julien et de la sage-femme. Durant ce bain, je n’ai plus aucune contraction ! Après 1h dans l’eau je demande à sortir. Julien appelle donc la sage-femme et il m’aide à sortir et me réinstaller.

La sage-femme me dit que s’il n’y a pas eu de contractions, le col n’a pas dû bouger. Elle vérifie quand même. Et là, elle constate que le col est à 4 cm ! Mais elle nous dit : « vous savez c’est un premier bébé, ça va être long, il faut être patient, à mon avis c’est pour demain matin. »

Julien lui dit en rigolant : « bon j’ai le temps pour une cigarette », elle lui dit répond que oui, et il part.
Après sa cigarette, il m’appelle pour savoir si je veux boire quelque chose, mais les contractions ont repris et j’ai du mal à lui répondre, je lui demande de remonter rapidement. A son retour, il essaye de me faire rire mais cela ne marche plus vraiment. Il me demande si je veux appeler la sage-femme, je lui rappelle qu’elle a dit que ça allait être long et que de 10h45 à 21 heures mon col est passé de 1 à 4 donc que je pouvais encore attendre. Il patiente donc jusqu’à 22h et comme il ne parvenait plus à me voir avoir mal il appelle tout de même la sage-femme.

Elle me demande si je souhaite être examinée, mais que d’après elle ça n’a pas du beaucoup avancer. J’hésite un peu et lui dit que puisqu’elle est là, oui.  Et à sa grande surprise je suis déjà à 7cm. Elle appelle donc une auxiliaire pour m’installer en salle de naissance. Elle me dit avant de partir, on va faire l’accouchement en salle physiologique tout à l’air de bien se passer malgré que ça ce soit vite accéléré.
Je marche donc avec julien et l’auxiliaire jusqu’à la salle physiologique, arrivée là-bas julien me demande si je veux le ballon, je lui dis que oui mais avant qu’il ait fini de le préparer, je m’allonge sur le lit, j’ai très mal, l’auxiliaire tente de me mettre le monito mobile mais n’y parient pas. Et soudain j’ai une forte envie de pousser, et je le dis à l’auxiliaire qui part chercher la sage-femme. Julien s’allonge derrière moi et me parle doucement. Je n’entends que ça voix et du brouhaha autour. Je  sens qu’il se lève, qu’il parle à la sage-femme. Puis la sage-femme se penche vers moi et me dit ça va trop vite, il faut changer de salle. Je lui dis que je ne pourrais plus marcher. Alors on m’installe sur une chaise roulante et on passe dans la salle juste à côté.

On veut m’aider à monter sur la table mais je refuse et monte seule. Je me mets à quatre pattes, mais c’est trop inconfortable. Je me remets sur le dos et l’auxiliaire veut me mettre les pieds sur les étriers. Je refuse à nouveau. Et pose le pied à plat sur la table. Quand j’écarte les jambes, la sage-femme qui était en train de préparer sa table me dit, « oh mais il y a la tête », elle prend ma main et la pose sur la tête de mon bébé. Julien me dit : « je vois ses cheveux ».  La sage-femme n’a alors pas le temps de finir sa table, elle met des gants, et me dit de pousser. Je pousse une première fois et elle m’arrête, la tête est sortie. Elle me dit de recommencer une seconde fois, puis une troisième et me pose mon bébé sur le ventre. Il est 22h48 et je suis maman ! Julien m’embrasse et me dit ça y est-elle est là !

Nous y sommes arrivés. Grace à Julien et à ces deux sages-femmes extraordinaires, je suis arrivée à maintenir mon projet. Pas dans la salle que je souhaitais, mais finalement, qu’importe la salle, du moment que mon projet a été respecté. Que je me suis sentie soutenue et comprise.
Nous avons ensuite fait deux longues heures de peau à peau et aucun soin n’a été fait à mon bébé, et je n’en ai plus eu non plus. Elle a craché ses glaires naturellement, elle a pris le sein sans aucun problème quand elle l’a voulu et c’est son papa qui, en compagnie de l’auxiliaire, l’a pesée et habillée. Malgré qu’il ait pris du temps avec tous ces gestes, l’auxiliaire n’est intervenue que par la parole pour le rassurer et le guider si besoin et tout cela en ma présence.

Je n’oublierais jamais ce jour et je suis prête pour ma prochaine grossesse et mon prochain accouchement !

Ce que je souhaite à travers ce témoignage, c’est faire prendre conscience que seul votre ressenti, ce que vous voulez, compte. Il ne faut pas se laisser entraîner par tous les avis négatifs qui nous entourent. Et parfois, sur notre chemin, nous croisons de merveilleuses personnes qui nous aident à mener nos plus beaux projets.

Elodie

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